Portrait 3: Le Rire Des Hortensias

Un soir de déambulation estivales dans les rues typiques de Biarritz, je savoure chaque mètre comme une enfant de huit ans.
L'air est doux et les vacances méritées!
Il doit être 22h30 et la nuit a déjà enlacée le centre-ville.
Main dans la main avec mon futur mari, je marche sourire aux lèvres.
L'intéressé m'a fait sa demande un peu plus tôt dans la journée et rien ne pourra gâcher cette soirée si spéciale.
Nous sommes arrivés le matin même au Pays Basque pour trois jours de soleil, de chipirons bien grillés et de marathon de marchés nocturnes.

Me voilà donc en train de buller devant les stands de bibelots en bois équitables et autres charcuteries au piment d'Espelette lorsque mon regard s'attarde sur une boutique de chapeaux.
L'encombrant coup de soleil adopté un peu plus tôt dans l'après-midi m'a convaincue d'investir dans ce genre de protection capillaire!
Effectivement mon nez, mes épaules et mon pauvre petit dos sont désormais cuits à point.
Il est vrai que chaque été avant le traditionnel départ en vacances du mois d'août, ma mère me répète (nous n'écoutons jamais assez nos mères d'ailleurs!): "METS TOI DE LA CRÊME HEIN!"
Et évidemment, chaque année je finis en langoustine beaucoup trop grillée...

J'opte donc pour un chapeau de paille fine style capeline.
Il me plaît bien avec son petit ruban noir.
En me regardant dans le miroir je pense à mon arrière grand-mère, mémé Léontine qui me disait toujours que j'avais une tête à chapeau.
Elle serait contente aujourd'hui de me voir comme ça.
Au moins demain à la plage, à défaut de ressembler à un crustacé ébouillanté, j'éviterai l'insolation.

Ma grande poche en carton à la main, mon fiancé de l'autre, me revoilà plongée dans la foule.
Les gens sont comme nous, heureux d'être en vacances.
Beaucoup de famille, de poucettes, de mangeurs de glaces et de négociateurs de prix.

J'adore le Pays Basque.
Il y a ici une beauté tellement spéciale...
Tout en avançant (comme je peux), je m'émerveille devant chaque porte, chaque façade.
Ces murs si blancs et ces mystérieux passages...
J'étais d'ailleurs en train de songer à un prochain article sur ces portes fabuleuses lorsqu'un nouveau stand attira mon attention.

Des boucles d'oreilles en fleurs séchées!
Sachez Messieurs Dames que les deux choses que j'apprécie plus que le chocolat au lait et les bonbons au miel sont bien les fleurs et les boucles d'oreilles!
Alors pensez-vous, ce stand était fait pour moi 😊
Des boutons d'or, des fleurs de glaïeuls, des monnaies du Pape!
Un véritable trésor.
Je suis immédiatement charmée par la poésie des choses, moi la grande enfant qui parle aux papillons...
Une jeune femme souriante me rejoint près des pendentifs.
Je la trouve charmante!
Elle a une belle chevelure acajou, des formes généreuses, un style de pin-up romantique et des yeux qui sourient tout seuls.
Elle porte de grandes boucles d'oreille en hortensias blancs.
Elle nous accueille avec un grand sourire et me demande si j'ai besoin de ses conseils.
Moi évidemment avec ma réserve légendaire je lui dit que son stand est génial, que c'est une idée merveilleuse, que j'adore chacune de ses créations et que si je possédais 38 paires d'oreilles je lui achèterais le tout sans hésiter!
Elle a de l'humour, le courant passe bien.
Elle m'explique le nom de chaque fleur et moi je la suis partout comme une enfant qui découvre un pays inconnu...
Pour ceux qui se posent la question, pendant ce temps-là mon futur mari ne dit rien lui, il a l'habitude.
Il connaît mon amour pour les gens et ma folie des petites choses simples.
Alors il patiente en souriant amoureusement, il me regarde m'émerveiller de tout et s'amuse de m'entendre pousser de grands "OoOoOoOooh!" à chaque découverte.

Elle s'appelle Hélène, et je l'adore déjà.
Instinctivement je lui parle du blog et de ce que j'essaie d'en faire.
Faire découvrir les gens comme elle et parler de la beauté des choses.
Elle est partante!
je suis ravie.
Le temps de choisir mes ravissantes nouvelles boucles d'oreilles en myosotis bleus, j'attrape mon petit cahier de papier vieilli et me voilà lancée dans son portrait!


Voici Hélène Demé Elzévir.
J'apprends avec bonheur qu'elle est aussi humoriste, comédienne, metteur en scène et créatrice de spectacles depuis 1993!
Hélène est de Biarritz.
Elle vend ses bijoux l'été et fait du théâtre l'hiver.

Elle est née un certain 1er août (nous ne saurons pas de qu'elle année et d'ailleurs je n'ai pas osée poser la question!) du côté de Marseille mais elle a grandie dans plusieurs pays du Monde (l'Allemagne, l'Australie...).
Elle a suivi le vent 😉
Elle a toujours été fascinée par la beauté des fleurs et de la nature, petite elle aimait en porter dans ses cheveux mais lorsque ces dernières se fanaient, Hélène était toujours triste.

Il y a neuf ans, lorsque sa fille est venue au monde, quelques problèmes de santé l'ont "obligée" à rester à la maison auprès d'elle.
C'est alors que la fabrication de bijoux lui a permis de rester créative à domicile et donc de pouvoir s'occuper de sa petite fille.
Depuis, tous ses bijoux sont créés sous le nom de Hortense de Biarritz.

Hélène aime aussi les voyages, d'ailleurs sur son joli stand on peut découvrir des sacs magnifiques, fais avec des tissus anciens tissés à la mains, qui servaient de jupes aux femmes d'Amérique Centrale.
Et puis il y a aussi les pochettes, celles cousues par Hélène grâce à la vieille machine Singer de madame Fernande, sa grand-mère.
Une grande dame cette Fernande, née un jour de 1913 et qui éleva cinq enfants.
Une femme très active, qui jouait du violon, de la danse, du théâtre...
Toujours très coquette et élégante avec son beau rouge à lèvre.
Fernande créait ses vêtements elle-même grâce à sa fameuse machine à coudre Singer qu'on lui a offert pour ses 17ans.
Et puis un jour, elle s'endormit après avoir vécu 92 très beaux printemps.

Hélène c'est énormément inspirée de sa grand-mère, elle lui ressemble beaucoup d'ailleurs.
Elle décida en 2013, cent ans jour pour jour après la naissance de Fernande, de lancer sa nouvelle collection de pochettes arborant fièrement d'anciennes photos où même sa grand-mère peut désormais avoir son heure de gloire!
En effet, là, posée sur une petite boîte de bois, vous pourrez l'admirer, la vraie Fernande, âgée fraîchement de ses 17 ans et parée de ses beaux habits cousus de ses mains.
D'autres comme elle ont pu continuer de vivre à travers le temps, ce fut le cas pour un groupe d'amies photographiées en 1929, qui grâce à une de leurs déscendantes ont pu se retrouver entre les belles mains d'Hélène.
Une belle histoire comme je les aime.
Du coup j'en ai profité pour lui poser mes petites questions qui clôturent toujours mes portraits...

Votre plus belle rencontre?
Celle avec ma grand-mère Fernande évidement, elle continue de m'inspirer chaque jour.
Mais aussi la rencontre avec ma fille.
Les enfants nous poussent à réfléchir, à repousser nos limites.
C'est pur les enfants, c'est du pur amour.
Vous rêvez de quoi la nuit?
De calme! De douceur, de gentillesse... C'est important la gentillesse.
La chose la plus folle que vous aillez faite par amour?
Un enfant.
Votre pêché mignon?
Le chocolat.
Votre fleur préférée?
J'aime toutes les fleurs évidement mais si je devais en choisir une ce serait l'hortensia, parce que je la trouve tellement belle...
Les fleurs c'est reposant, c'est beau, c'est poétique.
Qu'est-ce que vous aimeriez changer dans votre vie ou dans le Monde?
J'aimerais que les gens rient beaucoup plus, qu'il y ait plus de joie.
C'est ce que j'essaie de faire par le théâtre finalement, parfois des gens me prennent dans les bras en me remerciant parce que ça leur a fait du bien de rire.
Il faut que les gens acceptent la vulnérabilité, la vie c'est pas toujours rose mais il faut la prendre du bon côté.
J'aime beaucoup le Mexique et là-bas ils mettent des têtes de morts partout, mais rien de négatif dans cela car ça leur rappelle que la seule chose de sûr c'est qu'on va mourir un jour et qu'il faut vivre et profiter maintenant.
Hélène, lorsque vous aussi vous rejoindrez les étoiles, qu'aimeriez-vous que les gens se disent en pensant à vous?
J'aimerais qu'ils sourient... oui voilà, qu'ils aient un petit rire en souvenir de moi...

Merci Hélène d'avoir ouvert votre cœur au détour d'une rue, sans me connaître vous m'avez donné votre confiance.
Désormais je penserais à vous et Fernande à chaque fleur sur mon chemin.
Nous nous recroiserons peut-être un jour, sous les rires des hortensias...
Bon vent Hélène, bon vent...












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