Madame Bertille, fée des chouettes et hiboux en tous genres
Cette histoire est celle de Bertille, la fée de la lanterne numéro9 qui vit dans l'atelier de Magali près de Saint-Pierre de Clairac (47).
Toutes les chouettes, tous les hiboux du Monde vous
diront que peu importe la noirceur de vos nuits, le froid qui pique vos mollets
ou la faim qui gronde dans votre estomac, la maison de la fée Bertille vous
sera toujours ouverte !
Elle vit, dit-on, au plus profond du bosquet de
Fontounes, là où les étoiles descendent prendre le thé et les musaraignes
tissent des cathédrales en laine de chats sauvages.
Sa petite maison d’argile et de charbon s’illumine à
la tombée de la nuit, bercée par la douceur de la grande lanterne de cuivre placée
devant l’entrée.
On dit que les cristaux de fluorite incrustés dans
sa bâtisse lui donnent le pouvoir d’y voir clair dans les situations les plus
sombres…
Un frêle arbre enchanté la protège du vent et du
givre et lorsque le printemps arrive il récite à qui veut bien l’entendre des poèmes
et des chansons d’un autre temps.
Devant sa demeure vous trouverez toujours deux drôles
d’oiseaux : Adrienne et Félicie ses deux chouettes effraie qui l’accompagne
partout.
Mais de grâce ne prêtez pas attention à leurs
paroles débridées et volubiles !
Elles sont ivres la majeure partie de leur temps à
cause des émanations un peu douteuses des potions de leur maîtresse et rient
aux éclats en se racontant des histoires de mulots volages et de châtaigner bègue !
Alors que tous les passants s’offensent de ce comportement
plus qu’inconvenable, la fée Bertille elle s’en amuse.
Il faut bien le dire, ce n’est pas une fée comme les
autres, non.
Madame Bertille est ronchonne six nuits sur sept,
fume la sauge comme un cigare et ronfle bruyamment toute la journée, affalée
sur son fauteuil de fougère vieux comme le Monde !
Cette fée-là messieurs dames est connue de tous,
autant pour ses bienfaits que pour son caractère !
Les hiboux grand-duc racontent même aux imprudents
que sa colère peut effeuiller la forêt d’automne d’un seul pied !
Car madame Bertille n’aime pas l’injustice, la
méchanceté et le gratin de salsifis.
Et lorsque les chouettes hulottes lui rapportent une
sombre affaire qui se trame au sein du bois elle enfile d’un seul geste son
châle de plumes de corneille, décroche sa lanterne de cuivre et gare à celui
qui s’en ai pris à plus faible que lui !
Nul ne connait son âge mais il se murmure qu’elle a
vu naitre chaque petite chouette, chaque hibou du royaume.
Les bénissant d’un doux baiser sur le haut du plumage,
comme le font les grands-mères aimantes…
On dit qu’elle soigne aussi les âmes en peine, les cœurs
blessés et les corps fragiles.
Chaque soir au premier rayon de lune, la fée Bertille
s’éveille et prépare ses potions tantôt guérisseuses de plaies, tantôt chasse-moustique
ou bien annonceuses de bonne récolte à celui qui lui aura demandé poliment.
Parfois, entre deux chaudrons, elle conte de jolies
histoires aux petites martres des pins qui ont du mal à s’endormir.
Grondant affectueusement au passage ses deux
acolytes à plumes qui n’arrangent vraiment pas les choses, gloussant encore de
leurs carabistouilles malgré l’heure tardive pour le peuple du jour.
Certaine nuit elle coiffe ses cheveux d’argent avec
des orchidées sauvages que lui rapportent les gentilles fées des marais.
Il n’est pas difficile de lui faire plaisir.
Son péché mignon étant, comme chacun sait, les
cigares de sauge blanche qu’elle fume du soir au matin !
Dessinant une large trainée de fumée opaque jusqu’au
plus haut des vieux chênes.
Son regard est unique : tantôt couleur aurore,
tantôt clair de lune.
On dit d’ailleurs qu’elle serait née au commencent
des arbres d’un amour secret entre un esprit de l’air et d’une branche d’arbousier.
Elle connait le bien et elle connait le mal puisqu’elle
a l’âge du temps.
Et lorsqu’elle rejoint les soirs de nouvelles lunes,
le cercles des femmes des bois, les lucioles et les éphémères lui ouvrent le
pas jusqu’au lieu de rendez-vous.
Certains disent qu’elle fait parler les pierres d’un
claquement de doigts et qu’il est recommandé aux enfants de ne pas mentir car
Bertille le saura.
Elle aime profondément et protège chaque être de la
forêt, reconnaissant dit-on les cœurs bons et les âmes douces qui se présentent
à sa porte.
Ainsi, toutes
les chouettes et tous les hiboux de ce monde vous diront que la fée Bertille
est l’âme la plus juste, la plus ronchonne et la plus attachante que la forêt
et les étoiles ont portées.
Et que peu importe la noirceur de vos nuits, le
froid qui paralyse vos mollets ou la faim qui tiraille votre ventre, rappelez-vous
bien que Madame Bertille fée des chouettes et des hiboux en tous genres veille
sur les cœurs bons.
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