La petite fée du numéro 23
*Cette histoire est celle de la première cloche de fées, celle qui habite désormais chez Gaëlle à Castelculier (47).
Brindille est une fée des hortensias.
Elle les protège, s’assure qu’ils n’aient pas froid, que
personne ne les embête et surtout qu’ils ne se chamaillent pas.
Cela pourrait paraître chose facile mais voilà : les
hortensias c’est susceptible, ça radote, ça chouinaille dans les feuillages et
même que ça rouspète les jours de pluie !
Ils ne sont jamais de bonne humeur et s’ébouriffent la tige
dès que le vent tourne.
Bref, vous l’aurez compris, cette pauvre Brindille n’a pas
la tâche facile !
Mais elle s’en fiche, elle les aime quand même ses
hortensias, et même que ça l’a fait rire quand ils rouspètent, quand ils
ronchonnent et que rien ne va.
Elle rit Brindille, elle rit d’une douce mélodie de
printemps, celle qu’ont les enfants de 8 ans.
Elle leur parle doucement et sait même les faire sourire de
temps en temps.
Elle dit qu’ils sont de vieux enfants, toujours à se
chamailler pour savoir qui est le plus grand !
Brindille a le cœur doux, le cœur aimant.
Cette petite n’avait pas de parents, on dit que les fées
l’ont trouvé là, près du chemin de Traverse, un matin de printemps.
Un tout petit bébé minuscule endormi dans le cœur d’un jeune
hortensias prénommé Hugo.
Il l’avait gardé bien au chaud, la berçant doucement au
rythme du vent.
Les fées avaient bien tenté de savoir la vérité sur
l’histoire de cette enfant mais Hugo déjà bien têtu n’avait jamais rien dit,
gardant pour lui le secret de ses parents.
Il répétait calmement qu’il avait promis de ne rien dire et
que ça ne servait à rien de lui lancer des enchantements.
Il avait veillé sur elle comme sur sa propre enfant, il lui
gardait ses premières gouttes de rosée pour sa toilette du matin et lui avait
même fabriqué un petit nid de mousse pour la protéger du mauvais temps…
Le bosquet des hortensias s’était réuni et avait choisi de
l’appeler « Brindille » de par sa silhouette toute fluette et
fragile.
Alors elle avait grandi ici, dans l’amour et la tendresse et
n’avait plus jamais quitté cet endroit.
C’est d’ailleurs au pied de ce même hortensias qu’elle avait
bâti quelques années plus tard sa petite maison de mousse et d’argile, au
numéro 23.
La fée Brindille avait bon cœur, elle souriait dès son
réveil jusqu’à l’heure du coucher et ne se plaignait jamais.
Elle avait de longs cheveux d’or et ses yeux avait pris la
teinte vert pâle des pétales qui l’avaient bercé, celles de son nouveau père…
Son rire était capable d’attendrir n’importe quelle colère.
Elle avait choisi de protéger les hortensias comme ils
l’avaient protégé petite.
Et pourtant, comme nous l’avons dit un peu plus tôt, ces
fleurs là messieurs dames ne sont guères commodes !
Elles ne cessent d’en vouloir à la terre qui est trop
molle, aux musaraignes qui leur chatouillent les racines, au vieux chêne qui
perd ses feuilles, au vent qui ébouriffe leurs pétales et même à la pluie qui
leur donne des quintes de toux !
Alors pensez-vous, la pauvre Brindille a bien du
travail !
Mais la douce fée ne se décourage jamais.
Elle dépose chaque matin un tapis de feuilles fraîches au
pied des vieilles dames hortensias pour ne pas qu’elles souffrent trop du froid,
elle s’affaire du côté des musaraignes pour faire la circulation moyennant quelques
mûres bien juteuses (leur petit péché mignon) !
Et puis quand vient le soir, Brindille fait le tour du
bosquet, s’assure que chaque fleur soit confortablement endormie, que le vieux
chêne ne ronfle pas trop fort et que les étoiles soient bien allumées pour les
petites pousses qui ont encore peur du noir…
Et c’est alors que notre petite fée jette un dernier coup
d’œil au vieil Hugo, son papa hortensias, lui envoyant un dernier baiser dans
le vent même s’il dort déjà, et rentre doucement dans sa petite maison
d’argile, celle du numéro 23.
De l'écriture pleine d'enchantement je ne vais plus regarder les hortensias de la même façon
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